Personnellement, je n’ai jamais passé le permis et je n’ai donc jamais eu de voiture. Pour compenser, j’ai fait le choix de vivre dans des villes avec tous les services nécessaires à proximité et un bon réseau de transport en communs.

Cela dit, je comprends parfaitement que tout le monde ne puisse pas, ou ne souhaite pas faire ce choix.

Ce qui m’embête un peu quand je vais en France, c’est qu’en dehors des grandes villes, les transports en commun sont trop peu développés. Par ailleurs, les réseaux ferroviaires semblent principalement conçus pour aller de Paris vers la province (ou les territoires) et vice-versa. C’est toujours un peu plus compliqué si on souhaite aller d’un point A à un point B sans passer par Paris.

J’ai grandi sur la côte vendéenne et je n’ai jamais compris pourquoi il n’y avait pas de réseau de bus régulier pour traverser les différentes communes sur la côte ou aller d’une ville moyenne à une autre. Il y a largement la densité suffisante pour offrir un tel service. Dans un pays comme la Finlande ou l’Allemagne, il y aurait au moins un bus chaque heure, sinon plus, pour faire ce genre d’itinéraire avec la même densité de population. Or, quand j’y vivais encore, il y avait un seul autocar le matin et un seul le soir pour relier, par exemple, Saint-Jean-de-Mont aux Sables-d’Olonne, en passant par Saint-Hilaire-de-Riez, Saint-Gilles-croix-de-Vie, Brétignolle-sur-Mer, Brem-sur-Mer et Olonne-sur-Mer.

Source de la carte : https://evasion-online.com/carte-de-france/departement-de-la-vendee-85

Environ 30 km séparent Saint-Hilaire-de-Riez des Sables-d’Olonne et les communes de la côte ont généralement entre 10 000 et 50 000 habitants.

Au lieu de ça, on a fait de ces communes des lieux touristiques où l’immobilier est devenu difficilement accessible aux autochtones, les obligeant à s’éloigner de la côte et vivre dans des lotissements plus loin des services offerts dans les bourgs. Puis, on a vidé certains bourgs de leurs commerces et services de proximité en construisant des hypermarchés gigantesques et des zones-hangars commerciales. Il n’y avait pas mieux pour rendre les gens encore plus dépendants de la voiture et ce, en seulement quelques décennies.

Je roule depuis plus de trente ans, parcourant bon an mal an 30000km chaque année. C'est le prix à payer pour avoir choisi de vivre à la campagne.

Par ailleurs, étant cadre, je ne suis pas astreint à des horaires de travail : je vais travailler aussitôt que possible, et je rentre quand mon boulot est terminé (dans la gestion de production, "je le ferai demain" est le premier pas sur la pente glissante qui mène au surmenage ou au licenciement). Les transports en commun ne peuvent évidemment pas prendre en compte ce genre de spécificité.

Même dans le Finistère, plutôt bien servi en fait de lignes d'autocars, il me faudrait en combinant car routier, tramway et bus, plus une demi-heure de marche, une heure et demie pour pouvoir respecter mes horaires moyens - deux fois par jour. Je travaille donc à une demi-heure de voiture de ma maison, ou une heure et demie.

Multipliez par deux, et il n'y a plus d'intérêt pour moi à vivre dans un village.

J'ai essayé de covoiturer, mais la question des horaires se pose encore : mes enfants ne vont plus à l'école, mais les quelques collègues qui vivent près de chez moi n'ont pas cette liberté de rester au travail plus tard, ou d'arriver plus tôt.

Je m'astreins à télétravailler deux ou trois jours par mois, mais la perte de contact direct avec les gens fait que des questions urgentes peuvent rester sans réponse ; je ne le fais donc que pour me consacrer entièrement à un projet donné.

Ce n'est pas simple.

Vivement la retraite.

Il est bien difficile de se passer de voiture de nos jours, mais ce qui est important c'est d'être d'accord sur le diagnostic. Si vous avions un parc plus réduit, mieux adapté, et facilitant le partage des véhicules, nous pourrions facilement le réduire des 2/3, mais cela doit se faire par étapes.

Q:

Cette catastrophe industrielle qu'est l'usage des voitures ?

R:

Tout d'abord, il ne faut pas nier l'importance de la pollution liés à la voiture, et notamment à l'utilisation du véhicule individuel. 29% des émissions de gaz à effet de serre sont liés au transport, et la plus grosse partie de ces 29% est liée à l'utilisation d'un véhicule individuel. Cette pollution de l'air cause 40 000 morts par an selon le ministère de la transition écologique.

Par ailleurs, cela provoque également une pollution sonore susceptible d'augmenter les risques d'entraîner une maladie cardiaque, du diabète, et bien sûr des lésions auditives. Sans parler bien évidemment des risques pour la biodiversité, dont nous faisons également partie.

Ayant dit cela, il faut regarder certains autres chiffres pour leur donner une perspective. La voiture est principalement utilisée non par choix, mais bien par contrainte. 65% des personnes l'utilisent pour leur trajet domicile-travail, et 30% des transports dits propre. Mais cela est lié aussi au fait que le domicile des personnes est éloigné du lieu de travail. Et que parfois, même s'il est proche, l'aménagement du territoire ne permet pas une utilisation facile du vélo par exemple, ou par des transports en commun développés, efficaces et sûrs. Par ailleurs, le télétravail n'est absolument pas assez développé pour diminuer la pollution de l'air. Tout comme le covoiturage domicile-travail, qui reste très marginal

La deuxième utilisation est pour les vacances. Et là encore ça coince. Notamment par des tarifs très élevés pour le train, empêchant de le prendre pour les plus modestes. Et un aménagement du territoire adapté pour la voiture, avec de nombreuses autoroutes, et notamment l'espace Schengen permettant de traverser les frontières.

On voit bien que pour limiter l'usage de la voiture individuelle, il faut des politiques publiques à la hauteur des enjeux.

Sources:

https://www.bfmtv.com/auto/trajets-domicile-travail-la-voiture-regne-encore-en-maitre_AV-202304170401.html

https://unric.org/fr/la-pollution-sonore-une-menace-pour-la-sante-des-humains-et-des-animaux/

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-est-il-vrai-que-la-pollution-de-l-air-tue-47-000-personnes-par-an-en-france_5455099.html

https://chouette-impact.fr/2022/08/19/quels-secteurs-emettent-le-plus-de-co2-en-france/

Je pense qu'il faut avoir vécu uniquement qu'en ville et en célibataire / couple sans enfants, pour tenir ce genre de discours. Je le sais, j'ai vécu à Grenoble dans cette situation, et effectivement, je pouvais passer facilement plusieurs mois sans voiture. Mais tout a changé quand j'ai eu des enfants.

La voiture est souvent nécessaire pour aller travailler tout en étant "flexible" pour faire face aux aléas familiaux. Beaucoup de personnes n'ont pas de voiture par plaisir et s'en passeraient volontiers si ils le pouvaient. En particulier quand on a une famille.

J'ai quatre enfants, dont un avec un handicap sévère.

Mais quand il faut revenir rapidement car enfant malade (l'école ne les garde plus à l'infirmerie comme autrefois car il n'y a plus d'infirmeries), emmener ce même enfant chez le médecin, aller voir ses parents qui vivent dans une ferme isolée de tout réseau de transport public, etc... J'ai beau vivre à quelques kilomètres de mon travail, je fais 20.000 km/an sans me forcer. Sans voiture, je ne pourrais pas emmener mon fils à son centre spécialisé et revenir travailler tout de suite après. Donc je ne pourrais travailler.

Plus prosaïquement, faites les courses pour une semaine pour 6 personnes et essayer de ramener ces courses à pied, à 500m. Bon courage...

J'ajouterais aussi que vivre à proximité de son travail est un luxe que beaucoup ne peuvent se permettre, en particulier quand le travail en question est en Ile de France. Ce raisonnement reste valable pour la plupart des métropoles françaises. Des loyers à 2000€ pour un T5, c'est juste impossible pour beaucoup les familles de la classe moyenne.

Et les transports en commun, bah c'est un peu le hasard. Le tracé des lignes fait que vous devez souvent faire des détours, des changements pour aller parfois pas loin. Aujourd'hui, si je dois aller à Evry en voiture, j'en ai pour une demi-heure porte à porte. 1H30 en RER. 3x plus ! Le temps c'est de l'argent, et je ne peux pas me permettre de perdre 3h dans les transports par jour.

Notre société a poussé l'utilisation des voitures particulières. Taper les particuliers pour ça est injuste.