Bonjour,

Je pense que la réponse est prise à l'envers.

Dans le monde dystopique de 1984 les moyens technologiques comme le "Telecran" et culturels comme le novlangue (oui c'est bien "le" dans la traduction d'origine) et la modification permanente et instantanée de l'information disponible, étaient au service d'une volonté politique d'hégémonie préexistante.

Les équivalents de nos jours comme l'internet, le multimedia, l’appauvrissement du langage, les "fausses nouvelles" à travers les réseaux sociaux, ...ne sont pas "au service" mais risquent bien d'être la cause de glissements hégémoniques par celles et ceux qui sauront les utiliser. Et ils existent déjà, les exemple ne manquent pas (Musk, Trump, la galaxie Bolloré, pour ne citer que quelques avatars...)

Certes un fois les dictatures en place, savoir ce qui est cause ou conséquence devient secondaire.

C'est bien pour cela qu'il ne faut pas attendre que nous en soyons là et éviter que la dystopie ne devienne réalité.

En fait, je pense que nous ne réalisons pas suffisamment la chance que nous avons, dans la plupart des pays occidentaux, de bénéficier d'une telle liberté d'expression, que ce soit chez nous ou en ligne. Notre situation n'est en rien comparable à l'époque de la Stasi ou à celle de certains pays actuels, qui censurent la moindre critique envers le régime en place, des allusions à certains événements historiques ou même une simple comparaison entre un homme politique et un personnage de dessin animé.

Cela dit, cette immense liberté d'expression, si elle n'est pas encadrée par des balises claires, peut également devenir un poison. Elle peut notamment se transformer en un outil de propagande et de désinformation massifs, en particulier pour des personnes à la recherche d'« informations alternatives ».

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Tout d'abord, la plupart des grands médias sociaux sont entre les mains des Américains, qui ont généralement une vision très différente de la liberté d'expression par rapport aux Européens. Par exemple, la liberté d'expression nord-américaine tolère certains propos haineux (sexistes, racistes, xénophobes), la diffamation ou le négationnisme, alors qu'en Europe, la liberté d'expression exclut ce type de discours.

Voilà pourquoi, sur des plateformes comme Quora, on peut voir des réponses censurées parce qu'elles contiennent des photos d'art baroque (nudité), tandis que les réponses et commentaires comportant des injures racistes ou sexistes, voire des menaces physiques ou des appels à la mort, ne sont que très mollement modérés (au nom de la liberté d'expression).

Sur X (anciennement Twitter), la question de la nudité ne se pose pas, car les contenus dits « sensibles », dont la pornographie, y sont explicitement autorisés. J'ai toujours trouvé surprenant de voir les politiciens et journalistes français promouvoir autant cette plateforme, où l'on peut trouver des images pornographiques en réponse à un tweet du Figaro ou d'Emmanuel Macron, et qui est un véritable nid à désinformation. Je m'y étais intéressée à un moment et je m'étais aperçue sans trop de difficulté que X était souvent à l'origine d'infox (parfois des blagues mal comprises) qui se propageaient ensuite sur d'autres plateformes.

Ce genre de plateforme est évidemment un terrain de jeu idéal pour ceux qui cherchent à déstabiliser la cohésion sociale d'un pays, notamment avant certaines élections, puisque, de toute façon, nous ne savons plus qui est qui et que la parole de chacun y a la même valeur.

Ce qui compte et confère de l'autorité, c'est la popularité d'une personne. Or, cette popularité ne se bâtit pas sur l'intelligence des propos, mais souvent sur l'assurance avec laquelle ils sont dits, et parfois sur l'utilisation de la provocation. Par ailleurs, n'importe qui peut se prétendre climatologue, journaliste, analyste politique ou ingénieur nucléaire et utiliser ces titres comme argument d'autorité. Pour ma part, j'ai souvent tendance à vérifier, et je me rends rapidement compte que ces titres sont soit complètement faux, soit que la personne utilise le nom de quelqu'un d'autre à son insu, soit il s'agit de bots qui spamment toutes les quelques secondes et dans des langues différentes.

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Pour conclure, je dirais donc que le problème en Occident n'est pas tant la censure ou la surveillance à outrance, mais plutôt le fait de laisser tout et n'importe quoi se propager sur Internet, au point de semer la confusion et de noyer les propos importants et sensés. Cet argument est d'ailleurs souvent utilisé par certains régimes dictatoriaux pour justifier la censure dans leur propre pays. Ironiquement, certains de ces régimes n'hésitent pourtant pas à participer activement à cette pollution à des fins stratégiques.

Je n'ai pas vraiment de solution miracle, mais je pense que les cours d'éducation civique devraient prendre en compte cette nouvelle réalité. Il est primordial que les gens apprennent à citer leurs sources, à reconnaître les sources fiables et à vérifier certains propos, voire l'identité de certaines personnes qui les propagent.

Je pense également qu'il est important de privilégier les plateformes européennes, qui respectent nos valeurs communes et nos cultures.