Il ne faut pas mélanger monnaie et dette. La monnaie a plusieurs fonctions, dont celle de servir d'instrument de mesure.

En Égypte ancienne il y avait une unité de mesure monétaire, mais presque pas de circulation d'argent sous forme métallique. Cela peut quand même aider à faire des affaires. Pour échanger des bovidés contre du blé il suffisait de traduire les deux en unité monétaire, et cela permettait de savoir la quantité des deux biens pour que l'échange soit juste.

La monnaie a avant tout une valeur en raison de la confiance qu'on lui accorde. Ce n'est pas quelque chose d'objectif, mais une création sociale.

Ce que j'ai pu comprendre, d'après les vagues infos disponibles sur Internet (Ma page sur l'économie, la dette est traitée à la fin). Mais il faut quelques explications d'abord:

-L'argent est une convention. On peut donc le créer ex-nihilo. Toutefois ce droit a toujours été jalousement gardé par les gouvernements en cours, sous peine de chaos rendant cet argent inutile. La croyance en l'existence absolue de l'argent est forte, générant nombre d'incompréhensions et d'attitudes irrationelles.

-Dans l'antiquité et en gros jusqu'à la Renaissance, on se servait d'une matière précieuse pour représenter l'argent: coquillages, puis bronze, puis argent ou or. L'argent était litérallement le métal, d'où le nom "argent" (ou "geld", or, dans les pays germaniques). On était donc riche si on avait des mines (comme l'Athènes antique, dont les mines d'argent ont fait le pouvoir) ou si on avait des armées pour le voler (cas de l'Espagne. Mais cette dernière a fait des autels d'église des quantités massives d'or volées aux Aztèques ou aux Incas, de sorte qu'ils n'en ont pas eu de bénéfices matériels)

-Avec la Renaissance puis les Révolutions démocratiques, est apparue la monnaie fiduciaire ("de confiance"): une simple convention, sans plus se servir d'un étalon métal. Ceci a permis d'afranchir l'économie de ressources minières forcément limitées.

-Toutefois la tentation était grande pour les divers gouvernements de créer plus de monnaie que nécessaire, afin d'éviter des impôts impopulaires, ou d'avoir des dépenses somptuaires. Problème, cela crée de l'inflation. Bon, la monnaie étant une simple convention, aucun objet n'a de valeur définie, et on pourrait multiplier tous les prix par 10 sans rien changer (ou diviser par 100, comme ça a été fait avec le Nouveau Franc). Problème, les différents acteurs veulent bien recevoir 10 fois plus, mais pas donner 10 fois plus. En pratique, avec l'inflation, les bénéfices des capitalistes augmentent, les prix augmentent, mais pas les minimas sociaux (allocations, retraites, etc.). Sans compter que le pays perd par rapport aux autres. Mais bon les politiciens ayant tous la mémoire courte, on est entré dans une série d'inflation cyclique, avec des mesures coûteuses pour tenter de la juguler.

-C'est pour mettre fin à ce cycle calamiteux que, après la seconde guerre mondiale, les accords de Bretton Woods ont établi un système différent: seules les banques centrales peuvent créer de l'argent. Elles sont indépendantes des gouvernements. En fait, ce ne sont pas des banques au sens courant, puisqu'on ne peut pas y avoir de compte, ni d'épargne, ni de prêts. Par contre les banques centrales, en théorie, créent de l'argent (fiduciaire donc),qu'elles font passer aux gouvernements. En pratique, elles le prêtent aux gouvernements, avec inétrêt. Sinon, on retomberait dans le cas précédent: les gouvernements femandant de la création d'argent à tire-larigot, inflation, et les pauvres restant sur le carreau. Ce genre de complexité palliative est indispensable quand on dénie les bases spirituelles de l'économie, comme l'altruisme, la responsabilité, etc.

-Donc tout aurait dû aller bien, Youkaïdi Youkaïda, en France en gros jusqu'à Pompidou. Mais à partir de Giscard, tous les gouvernements ont massivement abusé de ce système: Giscard pour payer ses centrales nucléaires à crédit (rappelez-vou à l'époque, on nous disait "le nucléaire est une énergie gratuite". Forcément, c'est les gens du futur qui payeraient. Mais ces gens du futur à l'époque, c'est nous aujourd'hui).

-C'est ainsi que l'on paye toujours avec nos impôts des intérêts sur la dette Giscard, la dette Miterrand, la dette Chirac, la dette Sarkozy, la dette Macron, etc.. Bon, c'est ce que l'on comprend des vagues informations disponibles pour le public.

-Bien sûr la nécessité de "rembourser la dette" était un excellent prétexte pour des séances sadomasochistes contre les catégories défavorisées (malades, chômeurs, retraités) voire contre des pays entiers (la Grèce, qui rappelons-le n'a émergé que récemment de la dictature des colonels, on n'ose pas imaginer dans quel état.)

-La n'est pas le pire toutefois. Au lieu de confier les banques centrales à des spirituels ou des humanitaires, elles ont été confiées à des... banquiers, c'est à dire à des gens gris sans sentiments ni compréhension de la société. Et (si on comprend bien), les banques centrales prêtent aussi aux... banques. C'est à dire qu'elles accordent un privilège régalien à des entreprises privées! De là l'énorme pouvoir des banques, disposant de ressources financières quasiment infinies pour contrôler l'économie, les médias, se permettre de donner 2 milliards à facebook pour répandre leurs conceptions bébêtes de la vie, ou 40 MILLIARDS pour détruire twitter avant que la modération ne jugule toutes les fausses informations. Mais pas un centime pour la transition énergétique ni la réduction des inégalités!!