Réponse à la question : Est-ce que notre société perd l'usage de l'écriture, et peut-être de la lecture ?
L'écriture manuelle décroît. C'est sûr.
En revanche l'apparition du numérique a re-boosté l'écrit que le téléphone avait fait reculer.
C'était hier.
Le 14 mars, écrit 3/14 en format de date américain, dérive de l'approximation de π à trois chiffres en base décimale 3,14. Les fêtes ont lieu dans les départements de mathématiques de diverses universités à travers le monde(1).
Avez-vous une histoire à raconter à propos du nombre Pi ?
Vous rappelez-vous quand vous avez fait sa découverte ?
Pensez-vous l'avoir oublié après avoir fait sa connaissance ?
Image : https://lh4.googleusercontent.com/-Oo_-4HXYDGo/TX561oPrUMI/AAAAAAAAGAA/bBxQ6mHFeoc/s1600/PiBeRational_Fullpic_1.gi...
Continuer à lireDans une série, un personnage a dit la phrase que quand on est amoureux, on est jaloux(se) et que ça vient du fait d'avoir peur de perdre son/sa partenaire.
Est-ce vrai pour vous ?
Certes, je ne prends pas pour vrai. Mais je n'ai ressenti dans mes souvenirs qu'une fois de la jalousie dans le cadre d'une relation.
Je n'ai pas eu beaucoup (une main) de relation et je me pose alors la question de savoir si j'ai effectivement aimé ces personnes. Pour moi, la jalousie est un vilain défaut. Comme un vieux fromage au frigo qui laisse son odeur, la sentir une fois très ponctuellement et discrètement passe encore, mais impossible pour moi de me projeter avec une personne jalouse même un peu.
Après, j'ai toujours eu du mal avec les émotions. Peut-être est-ce le manque d'attachement qui m'empêche d'être jaloux.
Dans d'autre domaine, il m'arrive d'être jaloux et je tâche de corriger ça quand je m'en r...
Continuer à lireRéponse à la question : La planète des homo sapiens ?
Une chose m'interpelle dans cette opinion : la découverte de cet état de fait.
Car je ne vois aucune différence entre ce qui est dit dans le livre et autrefois.
Mon souci est de rattaché cela à l'Humanité. Car l'Humanité qui lit, c'est 200 ans (car l'alphabétisation des masses n'est pas plus ancienne), sur 100 000 ans d'existence.
alors oui, les réseaux, les machines, poussent aujourd'hui l'humanité lettrée à la dispartion. On va retrouver la situation d'avant l'alphabétisation de masse : une vaste population peu éduquée et quelques personnes très éduquées qui continueront de lire et de réfléchir.
Mais le problème vient de l'inadéquation entre les systèmes politiques et cette future situation d'abêtissement des masses.
Et alors qu'auparavant le système politique se fichait bien de l'avis de cette vaste population, aujourd'hui c'est cette vaste population qui octroie le pouvoir.
Atten...
Continuer à lireRéponse à la question : Connaissez-vous les films du studio A24 ? Quels sont vos films préférés de ce studio ?
A24, c'est ce studio qui commence à se faire une place. Mélangeant film indépendant et film à budget, il apparaît souvent comme des propositions de cinéma, souvent à concept. Bien que parfois, ce soit juste des histoires atypiques.
D'abord quelques mentions honorables:
Moonlight, sur l'évolution d'un afro-américain de sa jeunesse au début de l'âge adulte. Très bien réalisé, très belle histoire. Pearl, qui montre qu'on peut faire une suite d'un film d'horreur très intéressant, bien qu'il montre quelques limites, notamment sur le fait qu'il en fasse un peu trop. Héréditaire, un bon film d'horreur, portée par une réalisation où l'ambiance cauchemardesque est très bien retranscrite. The Florida project, un très bon film sur la marginalité, et où on montre une Amérique désœuvrée, et en quête de sens
Voici quelques films très intéressants de ce studio:
Close:
Continuer à lireRéponse à la question : Dans la forêt, il y a des champignons et des châtaignes ?
Ici en Cevennes on trouve énormément de châtaignes. Mais issues de " bouscasses". C'est à dire de rejets poussés au pied du fut principal mort ou coupé du temps de la coupe des châtaigners pour l'extraction du tanin.
On a donc le fruit du porte-greffe né des hasards de la fécondation. Le fruit est donc rarement bon. Pareil pour les fruits des " cabasses" qui ont poussé spontanément et n'ont pas été greffés.
Les gros arbres greffés se font rares. Maladies ( encre et chancre) et changement climatique.
Ce n'est pas toujours clair pour tout le monde: on greffe un arbre pour être sur du patrimoine génétique du fruit obtenu. Le greffon est donc un clone, prélevé sur un arbre lui-même greffé. Un type un jour a créé une variété ou l'a obtenu par hasard et c'est depuis la même variété qui passe d'arbre en arbre.
Il n'y a guère qu'avec les pêches qu'on peut obtenir des arbres donnant des fruits corrects car le pêcher est auto-fertile . Il se féconde lui même .
Connaissez-vous un jeune qui a souffert d'une erreur d'orientation ?
Selon Le Monde, Parcoursup répertorie 24 000 formations. Face à cette variété, nombre d'élèves sont perdus et peinent à formuler leurs vœux. De plus, ils choisissent souvent des formations qui ne sont pas adaptées à leurs capacités et voient leurs candidatures refusées. Les conséquences sont dramatiques : déceptions, années perdues, abandons des études, etc. Le dispositif d'aide à l'orientation ne parvient pas à éviter ces pièges.
Une IA pourrait aider les étudiants à formuler leurs vœux et augmenter leur taux d'acceptation. En effet, l'intelligence artificielle excelle à prédire un évènement futur en fonction de résultats passés, quand elle dispose d'un volume de données important. Ainsi, une IA sera...
Continuer à lireSelon un sondage réalisé fin février par Abacus Data sur un échantillon de 1 500 personnes, 44 % des Canadiens interrogés se disent favorables à l'idée de rejoindre le bloc des Vingt-Sept, tandis que 34 % s'y opposent(1).
Que pensez-vous de l'idée d'associer le Canada à l'Union Européenne ?
On voit sur la carte que le pays est plus proche géographiquement que les USA (2), et il y a plus de proximité culturelles...
...
Continuer à lireAvant de continuer la création de la version mobile de VortexT 📱, j’ai voulu ajouter deux nouveautés qui me sont régulièrement demandées par les Textivores.
Les brouillons
Les questions et les réponses sur VortexT peuvent être particulièrement longues et élaborées. Vous avez désormais la possibilité de sauvegarder un brouillon de votre rédaction.
Tous vos brouillons sont accessibles à partir du menu déroulant ou de la page suivante :
https://vortext.eu/Brouillons.
Sauvegarder une question vous amènera vers cette page. C’est sur celle-ci que vous trouverez votre question en cours de rédaction et pourrez la peaufiner. La publication de votre question vous redirigera vers la page d’accueil, d’où v...
Continuer à lireJ'ai vécu une dizaine d'années en Guyane.
L'image que les métropolitains ont de ce département ne correspond pas toujours à la réalité.
Sans consulter Google, uniquement de mémoire, je vous demande de décrire ce que vous savez sur cette région française.
En commentaire, je préciserais certains points que vous avez évoqué dans votre réponse.
Merci d'avance, j'ai adoré la Guyane et j'adore la raconter.
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En répondant rapidement.
Les gens que j'ai croisé et qui y ont vécus me semblaient des gens normaux, et m'ont laissé l'impression qu'on pouvait y vivre normalement...
Un pays fantastique, une des dernières forêts vierges... Les Indiens, les fusées...
J'ai failli y vivre.
On l'avait proposé à mon père militaire,comme affectation. Et il a... refusé. Oui, refusé la Guyane, sans même nous consulter.
La plus grande occasion manquée de ma vie!
A la place on a eu Mont de Marsan, je vous dit pas la déconvenue. Surtout après trois années au Sahara.
J'essaie de ne pas voir les autres réponses avant d'apporter ma petite contribution.
Pour le côté information générale si je puis dire, en tout cas ce que j'ai appris de moi-même sur le sujet :
Après avoir discuté avec des personnes qui y ont vécu :
Quand je pense" Guyane" ce qui me vient en premier c'est la mangrove et toute la vie sauvage et mystérieuse qu'elle héberge.
Après c'est les orpailleurs, et la vie sauvage et mystérieuse des humains.
Edit : et le bagne bien sur ! Dont est revenu vivant Marius Jacob si je me souviens bien.
Je n'y suis jamais allée ^^
J’adore ce genre de questions ! Je vais répondre de tête, sans consulter les moteurs de recherche.
Je sais que la Guyane partage la plus longue frontière terrestre de la France avec le Brésil et je sais que ce département est connu pour ses lancements de satellites 🛰️.
À part ça, j’avoue que je ne connais pas grand chose, mais je peux imaginer que les cultures des pays alentours ont une certaine influence sur la culture de ce département. J’ai aussi une idée du climat équatorial par rapport à sa situation géographique, plutôt chaud et humide.
Je déduis que ce département a une grande concentration d’ingénieurs, de chercheurs et de travailleurs en général dans l’industrie aérospatiale.
Je pense donc que la Guyane se distingue aussi des autres départements par le nombre d’expatriés qui y vivent.
Rien, si ce n'est que c'est en Amérique du Sud, que c'est un département français d'outre-mer et qu'il y a un site de lancement de fusées
SOUVENIRS DE GUYANE
La Guyane je l'ai quitté il y a plus de dix ans mais dans mon cœur je me la chuchote encore. Les souvenirs, les anecdotes sont encore là. Ce que je vais vous raconter n'est pas toujours exacte dans les dates, dans les chiffres, j'ai tout écrit de mémoire, je ne sais pas pour vous mais moi je sais que ma mémoire n'est pas infaillible. Par contre les émotions, les idées sont justes. Il n'y a pas de suite logique dans mon récit, d'ailleurs c'est une succession de récits qui ne sont unis que par un territoire.
Une dernière remarque, il faut une bonne vingtaine de minutes pour tout lire.
Il y a quelques règles qu'il est conseillé de suivre en Guyane. En forêt par exemple il ne faut jamais enjamber un tronc d'arbre couché sur le sol. Il faut monter dessus et regarder si il n'y a rien de l'autre côté. Le rien peut être un fer de lance ou un grage. Deux serpents plutôt dangereux, il y a une centaine de serpents en Guyane, une douzaine sont dangereux. Depuis 2015, la recherche sur les morsures de serpents s'est intensifiée. L'hôpital de Cayenne est maintenant une référence dans ce domaine. J'ai eu la chance d'observer quelques serpents dont le fer de lance et le grage. Ils n'attaquent que si ils se sentent menacés, chaque fois je me suis écarté prudemment.
Il y a un lieu impressionnant d'histoire et d'angoisse. A 45 kilomètres de Cayenne, dans la commune de Tonnégrande, au cœur de la forêt, près de la crique Anguille. (En Guyane les rivières sont appelées criques). Il y a l'ancien bagne des annamites. Ici furent déportés des indochinois, certains pour raisons politiques, ils avaient l'outrecuidance de contester la colonisation française. Pour faire bonne mesure il y avait aussi des prisonniers de droit commun, quatre fois plus. Les cellules font deux mètres de long et un mètre de large, je n'ai pas mesuré mais c'est l'idée. En guise de toit, des barreaux. Il pleut beaucoup là-bas. Les gardiens n'aimaient pas être muté en ce lieu, ils se vengeaient sur les détenus. Les bagnards avaient défriché une grande surface. Cela ne se voit pas aujourd'hui. La forêt a repris ses droits et a mangé la quasi totalité du bagne. Il reste quelques cellules, des chiottes à la turc et un morceau de voie ferrée.
Je me lève tôt. Je veux assister au lever de soleil sur l'océan. La nuit est noire, l'océan sans vague est sombre. La plage est à peine plus claire. L'aube n'est pas encore prête mais en Guyane si le jour disparaît très vite, vers 18h30, la nuit disparaît tout aussi vite, vers 6h30. Sur le sable je distingue une masse sombre que je n'avais pas remarqué hier, en pleine journée. C'est comme un gros rocher. Curieux je m'approche, je crois qu'il bouge. Je n'en crois pas mes yeux, c'est une tortue luth. Elle dépasse largement le mètre, elle est immense, énorme. Avec ses nageoires elle creuse un trou pour pondre.
J'ai une chance phénoménale, je suis en Guyane depuis une semaine, c'est la deuxième fois que je vais sur cette plage et j'assiste à la ponte d'un monstre marin. Pendant une à deux heures j'admire l'animal. J'estime aux alentours de 80 à 100 le nombre d'œufs. Quand elle retourne à l'océan, en direction de l'est, le soleil est déjà levé.
Il y a plusieurs sites officiels pour regarder un décollage de fusée. Si on veut voir l'engin s'arracher du sol dans un fracas assourdissant, c'est là qu'il faut être. Bien sûr, une fois dans le ciel, la fusée est visible de loin. La première fois j'étais à Remire-Montjoly, à 50 kilomètres du pas de tir. J'ai vu une boule de feu monter dans le ciel mais le plus impressionnant était à venir. Deux minutes après cette lumière un grondement sourd est arrivé jusqu'à nous (environ deux minutes, ce n'est qu'approximatif). Ce fut la seule fois où j'ai perçu l'aspect sonore du décollage en étant dans mon jardin. Cela ne s'est jamais renouvelé, les ingénieurs ont dû installé des pots d'échappement aux fusées pour atténuer le bruit, je plaisante. Au niveau beauté, j'ai un excellent souvenir, cette fois là j'étais sur la plage de Kourou. Il y avait des nuages et la fusée avait créé un coucher de soleil orangé au dessus de nos têtes.
La délinquance est assez développée en Guyane. Des touristes étaient partis visiter le bagne des annamites. Ils avaient garé leurs véhicules, dont un joli 4X4, sur le parking à l'entrée du sentier. Quand ils sont revenus, il manquait deux roues au 4X4. Comme c'était la fin de l'après midi, ils se sont entassés dans le deuxième véhicule avec l'intention de revenir le lendemain avec une dépanneuse. Le lendemain le 4X4 n'était plus là. Probablement qu'il était déjà au Surinam ou au Brésil. Une fois les touristes partis, les voleurs dont l'intention était d'immobiliser le véhicule, ont remis les roues, démarré le 4X4 et pris la fuite. Je ne sais pas comment ils font mais il paraît que de nombreux véhicules volés traversent les fleuves frontières en pirogues.
En 1977 (ou 1976), un groupe de hmongs (500 environ), réfugiés laotiens, s'est installé à Cacao, commune de Roura. La sélection à été réfléchi, le groupe est constitué de familles complètes sur trois générations et l'objectif des expatriés est de vivre de l'agriculture. Aujourd'hui Cacao est le premier fournisseur maraîcher de Guyane. C'est aussi une destination touristique très prisée. On y va pour ses productions artisanales de tissages et de broderies d'inspiration hmong, pour son marché alimentaire, pour ses restaurants, pour la forêt. Personnellement j'aime beaucoup le marché dominical, c'est un immense carbet haut de plafond pour rester lumineux. Il est aussi haut en couleur. Les étals de fruits et légumes sont brillants de gourmandise. Les spécialités hmongs, dont je ne me rappelle pas les noms, pavanent en égrenant des parfums appétissants. Les broderies aux couleurs vives attirent facilement les cartes bancaires. Quelques tables sont réservées à la dégustation de soupe. J'adore.
Il y a beaucoup d'animaux en Guyane, il y en a un qui n'est pas gentil du tout. Il a les rayures du tigre mais ce n'est pas un carnivore. C'est un hématophage, à moitié seulement, le mâle se nourrit de nectar, la femelle aspire le sang et elle a une préférence pour les humains. J'ai nommé le moustique tigre, actuellement il se propage en Métropole et ce n'est pas une bonne nouvelle. Il est le vecteur de nombreuses maladie. Notamment la dengue, prononcer "dingue", le chikungunya et sûrement d'autres maladies. Le soir, juste avant la nuit, il est conseillé de fermer volets et portes si on ne veut pas subir l'attaque des moustiques tigres, la volée qu'ils appellent. En réalité il pique toute la journée, je vous le confirme. La nuit aussi. Même à travers le hamac. J'ai testé. De plus il est petit et très véloce, il esquive les claques avec une facilité déconcertante.
De temps en temps je m'arrête quelques minutes sur la Place des Amandiers de Cayenne, perché sur les murets j'admire l'océan, à marée basse je vois l'estran à perte de vue. Progressivement, au fil des années, une mangrove a pris possession des lieux. D'abord un tapis de verdure, ensuite des arbres de cinq six mètres. L'océan n'est plus visible. Une barrière végétale masque la vue. En Avril 2022, la mangrove a disparu. Manifestement cela correspond à un cycle. J'avais vu une photo datant des années cinquante où la mangrove était encore plus touffue.
La frontière avec le Brésil est matérialisée par le fleuve Oyapock. A Saint-Georges de l'Oyapock il y a une armada de passeurs en pirogue qui effectuent plusieurs fois par jour la navette avec la ville brésilienne Oyapoké, ville presque en face de Saint-Georges. A la fin des années 90, le Président français Jacques Chirac et son homologue brésilien de l'époque décident la création d'un pont afin de faciliter les échanges économiques entre les deux pays. Effectivement un pont fut construit, une bonne dizaine d'années après la décision. On dit que les français sont râleurs, je crois que les guyanais sont contestataires et chaque décision passe par des discussions et des tractations. Bien sûr j'exagère en écrivant cela, il ne faut pas le prendre pour argent comptant. C'est un fait que la construction a été longue. Le pont est terminé mais côté brésilien les infrastructures, douane et routes, n'ont pas été réalisées. Donc le pont, pendant 5 ou 6 ans, n'a pas été utilisé. Cela a bien fait l'affaire des piroguiers qui voyaient leurs business s'envoler.
Autour de Cayenne il existe de nombreux sentiers entretenus, certains sont interdits. C'est une précaution juridique, si un promeneur est victime d'un accident, la commune se dégage de toute responsabilité puisque le sentier est interdit et de nombreux panneaux le signale. La première fois que j'ai emprunté le sentier de Rorota, comme je suis respectueux des règles, j'avoue que pendant deux ou trois secondes environ, j'ai fortement hésité à enfreindre la loi. C'est un circuit de presque six kilomètres avec un bon dénivelé. Et en cette première fois j'ai eu une chance fantastique, j'ai vu des singes écureuils, un tamarin, des singes capucins et un paresseux. La dessus je rajoute la forêt avec ses arbres immenses, ses lianes, ses bambous, les chants d'oiseaux inconnus, ses craquements incessants. C'était merveilleux. Cette première sortie en solo m'avait enchanté. Je n'ai jamais revu autant d'animaux à la fois.
Il y a le perroquet vert, le soir ils font comme les corneilles, ils se réunissent pour dormir en un même lieu. Une fois par semaine j'allais à un club canin, à côté de l'aéroport. Ils passaient haut dans le ciel, par groupe, toujours dans la même direction et toujours avec les même cris caractéristiques. Ils ont appris à voler haut à cause des fusils.
Il y a les perruches, la première fois j'ai été estomaqué, elles étaient en liberté, elles étaient nombreuses, elles pépiaient sans relâche. Le vol s'est attardé quelques minutes dans mon jardin avant de continuer sa route.
Il y a l'urubu, je ne sais pas lequel. Le vautour d'Amérique du sud. J'en ai jamais vu de près. Il plane très haut dans le ciel avec ses larges ailes noires.
Il y a le kikiwi, appelé aussi le tyran kikiwi, reconnaissable à son ventre jaune, ses ailes marrons, sa tête noire avec une rayure blanche horizontale. Reconnaissable aussi à son cri caractéristique. Aussi commun que le merle en métropole.
Il y a le colibri, petite flèche aux couleurs métalliques, pour butiner il effectue un vol stationnaire de quelques secondes, le temps d'enfoncer son long bec au cœur de la fleur pour en aspirer le nectar.
J'ai vu beaucoup d'oiseaux en Guyane, le tangara évêque, le paypayo... la liste serait longue mais il y en a encore beaucoup plus que je n'ai pas vu.
Perla, Krystal, Toy, Effy, Filou, Kookai pour les chiens, Cyrano, Nouki, Océlia pour les chats.
Les métropolitains quand ils arrivent dans ce beau pays adoptent un chiot. Trois ou quatre ans après, ils retournent dans l'Hexagone, il faut acheter un billet d'avion et une cage pour l'animal et ça, contrairement à leurs billets, ce n'est pas remboursé par leur administration de tutelle. Alors, sans état d'âme, ils abandonnent le chien et celui-ci devient un chien errant. Il y a beaucoup de chiens errants en Guyane. Quand nous sommes revenus en Métropole, six chiens et trois chats ont voyagé avec nous. Cinq chiens et un chat ont été trouvé en Guyane. Les trois autres avaient déjà pris l'avion à l'aller avec nous.
Nous sommes à vélo, nous visitons la ville de Cayenne. Je suis avec mon beau frère, il a traversé l'Atlantique pour quinze jours de vacances. Je l'emmène bien sûr à la Place des Palmistes et nous déambulons dans le quadrillage de la ville. Comme je suis taquin, je le conduis sur la piste Tarzan, la route est goudronnée, sur la gauche, plus on grimpe la colline, plus les maisons deviennent des cabanes.
Innocemment, je bifurque sur un chemin de terre. Il n'y a plus de maison. Il n'y a maintenant que des cabanes de tôles et de planches. Ici les constructions n'ont pas respecté les plans d'urbanismes. Beaucoup de déchets jonchent le sol. Pas d'eau potable, presque pas d'électricité. Mon Beau frère se rapproche de moi et me demande :
- "Où est-ce que tu m'emmènes ? Ça ne craint pas un peu ici ?"
- "Oui, ça craint un peu mais ça devrait aller, il fait encore jour."
En Guyane il y a beaucoup de bidonvilles. Celui la n'est pas le plus dangereux. Il est bien intégré dans le paysage. Si on avait traversé certains bidonvilles, le risque était grand de repartir à pied. Nous sommes sur une colline impropre à la construction, à cause des glissements de terrain possibles lors des fortes pluies. Au fur à mesure que Cayenne et Matoury s'agrandissent, les bidonvilles sont rasés et rejetés à la périphérie.
C'est la nuit, j'ai la chance d'habiter un quartier calme. La route de Montjoly, l'axe routier de la ville est à 350 mètres. A cette heure ci il n'y a pas de circulation. A l'opposé, à 500 mètres il y a l'océan, parfois, rarement, le roulement des vagues arrive jusqu'ici. Pour le moment le silence est maître des lieux. Pas tout à fait, je perçois un drôle de bruit. Tout léger, régulier, comme un frottement tenace. Dans le noir, impossible de voir. Par triangulation, j'en repère l'origine. C'est un citronnier planté il y a un an. Maintenant il mesure dans les un mètre. Je vais chercher un petit projecteur. Je découvre une magnifique organisation, les fourmis manioc sont au travail. Leurs mandibules décrochent inlassablement les feuilles, c'est ce minuscule bruit de sécateur qui envahi mon silence. Les feuilles tombent au sol, d'autres mandibules les découpent en morceaux plus petits et un transport ininterrompu trace un sentier en direction de la fourmilière, de l'autre côté du mur. Les feuilles sont acheminées dans la fourmilière où elles sont transformées en terreau pour champignon. Les fourmis maniocs sont mycophiles. Au matin il n'y avait plus une seule feuille sur le citronnier, il a survécu sans problème. Le bougainvilliers a subit le même sort, quelques jours après.
Les colons essayent de s'installer à Kourou. L'expédition tourne au désastre, c'est une hécatombe. L'enfer vert, la légende de la Guyane vient de naître. Au large de Kourou il y a trois îles surnommées les îles du Diable à cause des courants dangereux qui les entourent. Elles vont pourtant servir de refuges aux derniers survivants. Elles sont aérées, sans moustique. Pour eux, ces îles furent le salut. Elles changèrent de nom, maintenant elles s'appellent les Îles du Salut. Je doute que les bagnards ont trouvé ce nom approprié. J'ai visité plusieurs fois l'île Royale, la seule des trois îles autorisée. Il y a un lieu qui me bouleverse chaque fois, le cimetière des enfants. C'est surtout le cimetière des bébés. Les gardiens étaient logés avec leurs familles et bien sûr il y avait des naissances mais le climat de Guyane est malsain pour les créatures fragiles, du moins en ce temps là.
Il y a un incontournable en Guyane. Il est grand du moins dans sa catégorie, il est bleu métal, il ne vole pas mais il volette, il volette même très vite. J'ai nommé le morpho. Avec son bleu éclatant, je le vois de loin. Il apparaît soudainement et il disparaît tout aussi soudainement dans la forêt. C'est toujours magique d'en voir.
Il existe des histoires d'hommes lessivés financièrement et abandonnés comme une vieille chaussette trouée. Ils font l'erreur d'accepter les avances d'une jolie brésilienne. Ils passent du bon temps, ils sont heureux, leur brésilienne est follement amoureuse. Pour conserver ce bonheur de mâle béat, ils piochent dans leurs épargnes. Le jour où ils ne peuvent plus suivre le rythme des dépenses, la brésilienne s'en va, les yeux secs. Elle n'a quand même tout pris. Ils ont encore les yeux pour pleurer.
A mes débuts en Guyane, je devais sentir le métro fraîchement arrivé, je croisais souvent des yeux qui voulaient me croquer. Puis les sourires se sont taris. On ne m'a pas croqué.
L'île de Cayenne est une presqu'île. Les géographes avaient un peu exagéré les marais qui relient la rivière de Cayenne à la rivière du Mahury, marais gênant pour accéder au continent. A mes yeux ce n'est même pas une presqu'île. En son centre la ville est un quadrillage de rues, c'est comme une volonté d'imposer l'ordre dans un monde où rien n'est intangible mais dès que je m'éloigne, la création humaine des quartiers retrouve la liberté d'expression semblable à la forêt où tout est complexe. Au cœur de ce quadrillage, la place des Palmistes, une immense pelouse avec des palmiers royaux. Je n'ai jamais compté mais je pense qu'il y en a bien deux cent. C'est tout simplement agréable à regarder. Pour ne rien gâcher, il y a un bar restaurant au charme désuet de l'époque colonial. A vue de nez il doit flirter avec les trois demi-siècles. Il s'appelle, vous l'aurez deviné, Les Palmistes. Pas loin il y a un bâtiment encore plus vieux, presque trois siècles. A l'origine il s'appelait Le Palais des Jésuites, cet ordre religieux était très actif en Guyane. Leur objectif était de christianiser les amérindiens, ils prenaient leur défense et ils étaient contre la mise en esclavage de ces peuples autochtones. Par contre ils avaient des esclaves noirs. Ce bâtiment, prévu pour être un couvent, a été construit juste avant que les jésuites se fassent bouter hors de France. Comme c'était la plus belle bâtisse de Guyane, le Gouverneur, après le départ des jésuites, a pris possession des lieux. C'est devenu le Palais du Gouverneur. Maintenant c'est la Préfecture.
Comme dans beaucoup de ville, le marché est un lieu incontournable. Cayenne ne déroge pas à la règle, son marché est coloré, dynamique, achalandé et surtout il ne faut pas y aller avec des objets de valeur sur soi. Les drogués n'hésiteront pas à vous arracher une boucle d'oreille si il pense qu'elle est en or.
La Guyane est connue pour une autre bestiole, elle a huit pattes, elle est velue, généralement noire bleutée. Chez moi je n'en ai vu qu'une seule fois, en forêt plusieurs fois. C'est la Mygale matoutou. Sa morsure est venimeuse mais non dangereuse pour l'homme. Elle n'est pas agressive, elle est juste impressionnante. Il existe des araignées beaucoup plus dangereuses dans ce doux pays équatorial.
Nous voguions sur l'Approuague, vers des vacances de quelques jours au camp Athanase. Un lieu tout confort pour la région. Il y a même des WC fermés. Ils fonctionnent, j'ai vérifié. J'y ai même vu une araignée grosse comme la paume de ma main. (Mes mains ne sont pas très grandes). Marron, lisse, un ventre énorme et des pattes longues et pointues. L'aspect pointu m'avait impressionné. Comme nous n'avons pas été présenté, je ne l'ai pas dérangée. Coïncidence, de retour au carbet-salon, je consulte un livre sur les animaux et je vois l'araignée en photo. C'est seulement l'araignée la plus venimeuse de Guyane. Je déglutis et une sueur froide frissonne en moi. J'ai vérifié les autres WC et j'ai interdit aux enfants d'aller dans celui-là. J'ai oublié le nom de cet arachnide mais je me rappelle très bien de son look.
C'est la nuit, nos lampes torches effleurent la surface noire de l'eau. Nous attendons notre guide, nous sommes un peu en avance. Avec nos lampes nous voulons capter les yeux des caïmans. Notre patience est récompensée, deux disques oranges rouges apparaissent, ils glissent sur l'eau. Un professionnel, rien qu'en regardant l'écartement des yeux nous indiquera la taille de l'animal. Cette nuit nous verrons beaucoup de caïmans, souvent des petits. Notre guide en a attrapé un pour nous le montrer de près, je n'ai pas trop apprécié, j'ai eu mal pour le bébé caïman. Les gros de deux mètres restent cachés. Pour voir des caïmans noirs de quatre mètres, il aurait fallu s'enfoncer profondément dans les méandres du marais. C'est un lieu fantastique, après la promenade nocturne nous avons rejoint un vaste et magnifique carbet flottant. Nuit dans un hamac et levé avec le soleil. C'est le paradis des oiseaux. Nous sommes dans les marais de Kaw.
La première fois où je suis allé à Saint Georges de l'Oyapock, en 1981, la route n'existait pas. A mi-chemin, un avion blanc échoué sur la verte canopée servait de repère aux pilotes. Aujourd'hui il n'est plus visible, la forêt l'a avalé. Depuis 2005, une route goudronnée, presque 200 kilomètres, relie Cayenne à Saint Georges de l'Oyapock. A cause du climat tropical, l'entretien est difficile. Il pleut beaucoup en Guyane. De chaque côté de la route, la forêt est défrichée sur une largeur de vingt mètres afin de protéger l'asphalte des chutes d'arbres et aussi permettre aux automobilistes de repérer les animaux de loin. Régulièrement, sur une longueur d'une centaine de mètres, des passages d'animaux ont été créé. La lisière est alors juste à la limite de la chaussée. Il y a une règle sur cette route, ne jamais s'arrêter pour aider une personne qui semble en panne sur le bord de la route ou qui fait du stop. Les orpailleurs n'aiment pas rentrer à pied au Brésil alors ils ne se gênent pas pour voler une voiture. Les passages d'animaux servent de nasse pour bloquer les véhicules. Un arbre est abattu pour stopper un véhicule, une fois celui-ci arrêté, des hommes armées surgissent de la forêt. Généralement ils se contentent d'emprunter la voiture. Les victimes la retrouveront à Saint Georges de l'Oyapock. A cause de ces attaques, des checkpoints ont été installés. Même des gendarmes auraient subit un braquage sur cette route. L'histoire raconte qu'en arrivant à la hauteur d'un brésilien qui marchait sur le bas côté, celui-ci aurait fait un doigt d'honneur. Le sang des pandores n'a fait qu'un tour, ils ont arrêté brutalement le véhicule et sont descendus. Le chauffeur a apostrophé l'individu avec des propos du même niveau que le doigt dressé. Des hommes sont alors sortis de la forêt avec des fusils braqués. La jeep a été retrouvé accidentée près de Saint-Georges de l'Oyapock. Le gendarme qui a insulté le brésilien avec des expressions à caractères sexuelles n'aurait pas dû. Il s'est retrouvé à quatre pattes, sans pantalon, sans slip.
Peut-être que cette histoire est en partie une légende urbaine forestière mais elle montre que la Guyane est aussi un Far West. Si elle est entièrement vraie, j'espère que le gendarme a pu se remettre de cette agression. J'ai plusieurs amis qui se sont fait braquer ou cambrioler. Moi-même j'ai eu droit à un cambriolage en pleine nuit mais uniquement dans la partie garage. Ils m'ont volé ma première perceuse électrique, elle avait quinze ans. Snif !
Pour rester dans ce domaine, une histoire triste, pas loin de chez moi, des chinois géraient une restauration rapide. Trois ou quatre jeunes dont leurs enfants ont été sauvagement assassinés. Les coupables n'ont jamais été retrouvés. Deux jours après j'ai vu les parents dans leur restaurant, ils travaillaient comme si il n'était rien arrivé. Je me fais peut-être des idées mais pour moi cela ressemblait à une affaire sino-chinoise, cela évoque irrésistiblement la mafia.
Régulièrement je vais courir, il y a un sentier que j'affectionne, il est proche de chez moi. Il traverse une mangrove mais les pieds restent au sec, je cours sur un chemin sur pilotis. L'endroit est calme, la pénombre fait semblant de me rafraîchir. L'eau est sombre mais quelques rayons de soleil arrivent à traverser l'épais feuillage, cela crée des jeux de lumière, c'est magique. La vision s'éclaircit sur un lac, c'est inattendu. Les oiseaux sont nombreux. La vie foisonne sous l'eau, à la surface, dans les airs. Remire-Montjoly, la ville qui entoure cet îlot de nature, est invisible. Ce coin bordé par l'océan est protégé par la loi et par les marais. Ce sont les Salines de Montjoly.
Finalement ce n'est pas une bonne idée. Pourtant c'est cool d'aller en carbet. Une à deux heures de navigation sur un fleuve, puis sur une rivière et éventuellement sur une crique pour accoster sur un coin de verdure lotis de plusieurs carbets. D'abord on nettoie, ensuite on déballe le matériel, puis on l'installe et enfin on s'attable pour déguster un p'tit punch, un délice de sérénité dans ce monde sauvage. Des amis, parce que en Guyane il y a toujours des amis sur les fleuves, passent devant le carbet. Ils s'arrêtent et on prend le temps de trinquer un p'tit punch. Le piège est là, il y a beaucoup d'amis qui passent et beaucoup de petits punchs, faut reconnaître que dans ses contrées, c'est excellent. Dans un week-end on peut ingurgiter de nombreux verres. C'est pour cette raison que j'ai espacé les week-ends en carbet. Je n'avais pas envie de devenir alcoolique.
Le Jaguar, un autre symbole de la Guyane. J'aurais aimé en croiser un en forêt, histoire de sentir l'adrénaline me liquéfier le sang.
En Guyane, entre deux averses, il pleut. C'est du moins l'impression qu'on a au début. Les toits sont en tôle et quand il pleut la télévision devient inaudible. De toute façon l'image est brouillée par les nuages. Donc pas de son, pas d'image. Maintenant avec la fibre qui se développe, le problème doit être seulement sonore. Au début le fracas sur les toits est impressionnant. Le taux d'humidité est élevé, pour éviter les moisissures il est plus prudent de laisser un espace de cinq centimètres entre les murs et les meubles, surtout en saison des pluies. Il y a deux saisons des pluies, une petite en janvier février et une conséquente entre avril et juin. Le reste ce sont les saisons sèches, enfin presque sèches. Sur la côte c'est le cas mais dès que l'on va vers l'intérieur des terres, les précipitations sont abondantes. Généralement les averses sont précédées de quelques rafales de vent. Après la première année, on ne fait plus attention à la pluie. Un jour le tonnerre a grondé. J'ai réalisé ce jour là que je n'avais pas vu un seul éclair, ni entendu le tonnerre depuis mon arrivée en Guyane, il y a huit ans.
Je longe la plage de Montjoly pour atteindre les rochers côtiers de Montravel. Les vagues en cet endroit sont généralement puissantes et bruyantes. La roche est de couleur rouille et s'escalade facilement. L'océan marron, couleur des sédiments de l'Amazone, s'étale devant moi. Pourtant ce fleuve est à plus de 600 kilomètres. Il y a un léger vent et beaucoup de soleil. Une jeune femme pose sa serviette de bain à quelques mètres. Au loin, un pêcheur tente sa chance. J'admire la virtuosité des mouettes. Mon regard est attiré par une fugace tâche sombre à la surface de l'eau, à quelques encablures et là je vois, un, deux ,trois, quatre, cinq dauphins jaillirent de l'eau. Je ne sais pas pourquoi mais je suis émerveillé, je suis heureux comme si je retrouvais de vieux amis. J'aimerais être l'homme de l'Atlantide et partir avec eux. La jeune femme n'a rien vu, elle bronze. Je m'approche et lui demande :"vous voulez voir des dauphins ?" Elle se redresse perplexe et un peu méfiante, j'assiste alors à une transformation. Elle se lève brutalement, un sourire éclaire son beau visage, elle est volubile, elle rit, elle est à deux doigts d'applaudir, elle ne tient pas en place. Je suis époustouflé par sa réaction. Elle va plonger et devenir une sirène, j'en ai l'intime conviction et moi malheureusement je ne suis pas l'homme de l'Atlantide. Les dauphins s'éloignent et disparaissent. Elle n'a pas plongé.
A côté de chez moi, il y a une mini forêt tropicale, juste après le mur. Elle n'est pas large, vingt cinq mètres de larges sur deux cent mètres de long. Un magnifique bois canon émerge au milieu des palmiers, papayers, cocotiers ou autres arbres. J'y ai déjà vu des pians, serpents, et nombreux oiseaux mais surtout j'ai vu des iguanes se prélasser sur les branches du bois canon, absorbant les rayons du soleil sans quasiment bouger. Parfois je les vois dans les hibiscus, ils se délectent des fleurs. J'ai passé de longs moments à les observer, juste pour le plaisir des yeux. Sur le bois canon j'en ai compté jusqu'à huit éparpillés sur tout l'arbre. Mais un jour des enfants sont venus en lançant des bâtons. Les iguanes sont tombés. L'iguane est un mets de choix. Mon cœur a pleuré mais moi je mange à ma faim tous les jours. Je ne peux pas juger ces enfants selon ma vision d'humain privilégié. Pendant quelques jours, grâce à ces iguanes, l'estomac de ces enfants a été rassasié.
Je vois rarement le soleil en Guyane. Pas à cause des nuages, malgré les apparences il y a souvent du bleu dans le ciel, même pendant la saison des pluies. Le truc c'est que le soleil est très vite haut dans le ciel. Si je le loupe le matin quand il se lève, après il me faut attendre le coucher pour que je le regarde dans les yeux. Le reste de la journée il est au dessus de ma tête et je n'y fait pas attention. Autre caractéristique, son temps de présence est sensiblement de douze heures. Il se lève le matin vers six heures six heures trente et le soir il se couche vers dix-huit heures dix-huit heures trente. Température minimum que j'ai relevé le matin à l'aube en douze ans : 23-24 degrés Celsius.
La végétation pousse très vite en Guyane, il est très facile d'avoir la main verte. J'ai enfoncé dans la terre un bâton de bougainvilliers, sans racine. Un an après j'avais un magnifique buisson fleuri de deux mètres, aussi bien en hauteur qu'en largeur. Il est donc nécessaire de tondre et de tailler les haies régulièrement toute l'année. En taillant la haie vous n'échapperez pas aux mouches à feu. Elles construisent un nid de la taille d'un poing, bien camouflé dans l'épais feuillage. Il est rare de voir le nid avant de se faire attaquer. Les piqûres sont cuisantes et nombreuses mais heureusement les douleurs d'après mes expériences sont de courtes durées mais tout le monde ne réagit peut-être pas de la même manière. Cette insecte n'est pas dangereux, juste pénible et rigolo. Il y a beaucoup plus dangereux.
Nous suivons le guide, à la recherche de serpents. Le sentier est bien tracé mais arrivé à un endroit le guide nous intime l'ordre de faire silence, nous quittons le sentier pour le récupérer cent mètres plus loin, après un détour. Le motif de cette prudence ? Il avait repéré quelques jours auparavant un essaim d'abeille tueuse. Abeille hybride réalisé au Brésil dans les années cinquante entre une abeille africaine et une abeille européenne. Un essaim c'est échappé, les descendantes ont colonisé l'Amérique du Sud et le sud des États-Unis. Si un essaim est dérangé, elles attaquent en groupe et peuvent poursuivre l'intrus sur plus de quatre cent mètres. De plus elles restent énervées plusieurs heures. Si vous êtes piqué une seule fois, les autres abeilles vous prennent pour cible. Il vaut mieux être prudent.
En début d'année une fièvre s'empare de la Guyane. Elle se prépare depuis de long mois. Elle commence à l'épiphanie et se termine le jour des cendres. C'est le plus long carnaval de la planète, entre un et deux mois. Les dimanches il y a les parades, un défilé de chars, de groupes costumés et de musiciens. Les déguisements sont nombreux et chacun représente un personnage de l'histoire ou du folklore guyanais. Le dernier dimanche c'est la grande parade avec l'élection du plus beau groupe de du défilé. La concurrence est rude entre la Guyane, le Brésil, le Surinam, le Guyana et d'autres pays d'Amérique du Sud. Chaque samedi soir il y a le bal des touloulous. Ce sont les femmes qui se déguisent de la tête au pied, l'objectif est d'être méconnaissable. Ce sont elles qui invitent les hommes à danser et il leurs est interdit de refuser. Le dimanche après-midi elles participent à la parade. Le dernier vendredi avant les jours gras il y a le bal des tololos. Cette fois ce sont les hommes qui se déguisent intégralement, pareil, on ne doit pas les reconnaître. Ce sont eux qui invitent les femmes à danser et elles ne doivent pas refuser. C'est un carnaval haut en couleur.
Il y en a encore beaucoup à raconter.