C’est une excellente question !

En lisant l’article partagé, je vois que cette pratique est en cours d’expérimentation en Allemagne et cela ne m’étonne pas du tout !

Les cimetières dans ma région sont particulièrement arborés. J’ai vu différentes plantes pousser sur les sépultures, comme des rosiers, des framboisiers ou de la lavande. Certaines tombes se résument même à un nom inscrit au pied d’un arbre. Parfois, on y trouve des mangeoires pour oiseaux, des abris à hérissons ou des hôtels à insectes posés à proximité ou directement sur les tombes. Paradoxalement, il n’y a rien de plus vivant que ce type de cimetière. Ça grouille de vie et c'est beaucoup plus plaisant pour les visiteurs.

Ça contraste beaucoup, je trouve, avec certains cimetières en France, souvent recouverts de graviers, avec des tombes en marbre ornées de fleurs coupées ou artificielles.

Culturellement, cela en dit long sur notre conception de la vie, de la mort et surtout, de notre place sur cette planète.

À titre d’illustration, voici quelques photos que j’ai prises au cimetière de Stahnsdorf, à Berlin, ainsi qu’à Werder. Tous les cimetières que j’ai visités dans les environs ressemblent à ces exemples.

Les pratiques funéraires évoluent, elles ne sont pas les mêmes que dans les temps anciens. La pratique de l'incération, qui a été autorisée en 1887, montre que l'évolution est possible, mais qu'elle n'est pas rapide.

Cela change d'un pays ou d'une culture à l'autre. En Chine, par exemple, c'est une nouveauté différente qui se développe. Il est traditionnel d'enterrer les défunts, mais la crémation est de plus en plus répandue, avec la création de « cybercimetières ».

Ainsi dans certaines provinces, les autorités locales incitent financièrement les familles à disperser les cendres de leurs proches dans la mer. Mais pour celles et ceux qui sont attachés à avoir un lieu où se recueillir, brûler des encens et des bougies, il existe désormais à Beijing des « cybercimetières » : de vastes salles dans des immeubles où les urnes sont chacune déposées dans un compartiment dédié, aux côtés d’autres casiers funéraires. Sur la porte du coffre, un écran diffuse des photos et vidéos référent à la personne disparue. Lorsque les proches viennent visiter leur défunt, les écrans de tous les casiers s’allument pour déployer ces images et créer un espace immersif et personnalisé. (1)

Si on revient sur le cas français qui nous intéresse, et comme le rappelle une proposition de 2023 loi portant sur le processus d’humusation, ou compostage humain, les techniques actuelles ont des inconvénients.

À l’heure actuelle, deux choix sont possibles lors d’un décès : l’inhumation ou la crémation. Procédés anciens, ces deux options proposées lors de la mort d’une personne sont extrêmement polluantes. En effet, la crémation dégage près de 3 % des émissions annuelles de CO² d’un citoyen, l’inhumation quatre fois plus. Elles nécessitent un cercueil, son entretien, ainsi que la préservation du corps avec des produits polluants, comme le formol. Outre leur procédé, la place prise post‑mortem par les corps enterrés pose question, notamment pour les collectivités locales : face à la pression du taux de mortalité, elles travaillent d’ores et déjà ce sujet en termes d’aménagement de l’espace(2).

Cette proposition de loi n'a pas eu de suite.

Il y a au moins deux techniques pour réaliser l'opération.

1. Soit c'est une alternative à l'enterrement, le corps est mis dans le sol, et il se décompose sans qu'on l'observe
2. Soit c'est une alternative à l'incinération, et dans un lieu spécialisé le corps est transformé en compost, et les restes sont remis à la famille.

Je trouve la deuxième solution perturbante, mais après tout certains remettent leur corps à la science (3).

Il y a des difficultés pratiques et une organisation à mettre en place, mais ce serait possible avec les efforts nécessaires. On n'avance pas rapidement sur le sujet en France, car les services de l'Etat ne trouvent pas cela prioritaire. Cela se remarque en faisant une recherche concernant les questions écrites des députés au gouvernement.

1. Des questions de 2023 ont eu une réponse d'attente

De telles évolutions de la réglementation nécessiteraient une réflexion et une concertation approfondies portant sur les conséquences éthiques, sociétales et environnementales de tels choix(4).

1. Des questions de 2025 n'ont pas eu de réponse du tout(5).

Pour que cela soit plus rapide, il faudrait qu'une grande entreprise comme les Pompes Funèbres Générale propose un dossier tout prêt au gouvernement, ou que par exemple l'association des maires de France fasse pression.

Le sujet a quand même attiré suffisamment l'attention pour qu'un projet ANR F-Compost (6) ait été lancé par le CNRS et des Universités.

Le schéma ci-dessous a le mérite de faire un panorama des pratiques funéraires, et de présenter d'autres solutions qui ne sont pas autorisées en France, comme la réduction en poussière par contact avec l'azote liquide, ou la réduction en liquide par une cuisson dans une solution alkaline;

Leur site Web ne me semble pas encore bien conçu, mais cela sera sans doute différent avec les avancés du projet (7).

Si on souhaite contribuer à faire évoluer les choses il est peut-être possible de se rapprocher de l'équipe projet, et également de soulever le sujet auprès des autorités locales.

(1) https://usbeketrica.com/fr/article/en-chine-on-enterre-desormais-dans-des-cybercimetieres

(2) https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0794_proposition-loi#

(3) https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F180

(4) https://questions.assemblee-nationale.fr/q16/16-4922QE.htm

(5) https://questions.assemblee-nationale.fr/q17/17-4239QE.htm

(6) https://www.hauts-de-france.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/peut-reduire-limpact-environnemental-des-defunts-en-compostant-les-corps