Voilà quatre héros que l'on peut trouver d'une intéressante complexité.

1. Frodon Sacquet, du Seigneur des Anneaux (1).
2. Jean Valjean, des Misérables (2).
3. Quasimodo de Notre Dame de Paris (3)
4. L'Idiot de Dostoïevski (4)

Ce ne sont pas les seuls...

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Seigneur_des_anneaux_(s%C3%A9rie_de_films)

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Mis%C3%A9rables

(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_de_Paris_(roman)

(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Idiot

On peut avoir des personnages profondément bons et complexes, mais l'une des règles non écrite de la fiction est effectivement qu'un héro n'est grand que par rapport à ses ennemis.

Mais on peut avoir des personnages profondément bons, honorables, droits, qui sont creusés et complexes. D'ailleurs, on peut même voir deux personnes ayant ces qualités s'affronter. Et le principe d'un bon méchant est justement qu'il soit le gentil de sa propre histoire.

Prenons Légende, de David Gemell.

D'un coté, Druss la Légende : ancien (mauvais) paysan, qui ne savait pas contrôler sa force, mais qui n'a jamais souhaité faire du mal à quiconque. Il agit toujours de manière honorable, en essayant d'éviter la violence individuelle. Mais dans le village où il est né, il était considéré comme une brute, comme une personne a éviter. Il était le méchant.

A la guerre, c'est autre chose. Druss était le gentil, le soldat qu'on veut avoir avec soi.

De l'autre, Ulric des Têtes de Loup. Lui aussi honorable, lui aussi cherchant à éviter la violence individuelle, lui aussi droit. Mais ses subordonnés (son shaman par exemple) sont assez éloigné de son idéal. Et Ulric sait qu'il doit inspirer la peur pour éviter des batailles : si l'ennemi a peur, il se rend plus vite. Donc massacrer une ville permet d'en épargner trois qui se rendront.

L'un est le méchant de l'autre, et même si le livre se place du coté de Druss, on comprends que pour les Nadirs, c'est Druss qui l'est. Ils l'appellent Marche-Mort, et il est responsable de la mort de milliers d'entre eux. Mais quand on lit le livre, on ne peut que apprécier l'un et l'autre. Gemell, dans cet ouvrage, réussit à faire en sorte de rendre les deux "héros" sympathiques.

On trouve par exemple ce dialogue (de mémoire, hein) :

Un soldat : "Ulric veut détruire Drenaï !!"

Druss : "non, il veut élever son peuple. Mais pour faire cela, il doit rabaisser notre pays."

"On dirait que vous l'admirez"

"bien sur : il a réussi à unifier toutes les tribus nadir, à en faire une machine de guerre, et a créer une nation. Il faut l'admirer."

(le dialogue est plus long)

Nadir Nous,

Jeunes Nés

Tueurs

A la hache

Vainqueurs toujours

La bonté, c'est une question de point de vue.

Quelqu'un qui transforme un pays de l'est appauvri en une nation puissante grâce à sa science, qui en fait un endroit pacifique et prospère, au prix de la liberté de son peuple, se voit comme un sauveur. C'est le point de vue de Dr Doom, celui-là. Lui se croit bon, mais pragmatique. Et dans Doom 2099, il prend le controle de la planète, restaure l'atmosphère, nettoie la pollution de masse, relance l'économie et instaure une sécurité sociale, etc. Mais au prix de la liberté... Donc nos braves héros américains le combattent.

Magneto, lui aussi, se croit bon : il ne souhaite pas que les Mutants connaissent le sort des juifs, sort qu'il connait bien, ayant été raflé et déporté lors de la révolte du ghetto de Varsovie.

La plupart des méchants ont ainsi ce point de vue. C'est pour le rendre bon à ses propres yeux que le MCU a déformé Thanos dans ses motivations (car dans les comics, c'est un ado amoureux).

Mr Freeze ne veut que sauver son épouse ; L, dans Death Note, essaye avec une méthode de débile, de stopper le crime ; Gertrude... Non, pas gertrude, mauvais exemple, Gertrude...

Evidemment, il y a toujours le Joker, Double Face, le Pingouin, qui, eux, ne disent pas être bons. Et il y a Gertrude, aussi...

Si je devais citer des personnes "bonnes" et complexe, je citerai Superman (et ouais... Pas Batman), Harley Quinn (Et Ouais aussi), Hawkmoon (de Moorcock... Mais pas Elric), les innombrables héros de la fantasy sans imagination consistant à prendre un bouseux pour en faire le sauveur du monde, Promethea (de Alan Moore), Wonder Woman, Liu Bei (de la Romance des Trois Royaumes, l'un des Quatres Livres chinois), et tellement d'autres.

Mais jamais Gertrude.

Personnellement, je n’apprécie pas particulièrement les œuvres de fiction qui opposent des personnages gentils à des personnages méchants de manière trop manichéenne.

Je ne pense pas que la méchanceté participe à complexifier un personnage de manière intéressante.

Je préfère les récits mettant en scène des personnages plus complexes, avec des zones d’ombre et de lumière et dont les traits de personnalité sont plus divers et varient selon les contextes.

D’ailleurs, mes personnages préférés sont rarement humains : les fourmis dans les œuvres de Bernard Werber, un « chat » dans Le Maître et Marguerite, des robots comme dans le film sud-africain Chappie ou les histoires d’Asimov, des extraterrestres, etc.