Cela peut être plus facile que quand on a été simple collègue des autres avant d'être nommé sur le poste. Si on a déjà une expérience on est facilement légitime sur le poste.

Être "chef" peut avoir des contours différents suivant qu'on encadre 250 personnes ou 2, dans un travail très industrialisé ou plus du domaine de l'expertise. La première étape est de prendre connaissance du poste et de l'entreprise ou du service. Il faut visiter les collègues qui sont les contacts habituels, se présenter à son équipe et offrir un pot d'arrivée, qui peut être organisé aussi par le service. Il est important de se renseigner sur les us et coutumes. Le tutoiement peut être la règle ou pas.

Si c'est matériellement possible il faut rencontrer tous les collaborateurs individuellement.

Ensuite il faut mettre en place un premier mode de fonctionnement. On peut par exemple planifier une réunion hebdomadaire, et le suivi des activités. Il faut être le plus proche possible de ce qui existe déjà, et cela pourra évoluer dans le futur.

Avec les collaborateurs c'est une relation de confiance cordiale et compréhensive, mais on sait qui est le chef.

En général, j'ai trouvé moins difficile de débarquer en haut du panier que de sortir du rang. Il y a eu de la méfiance, mais pas de rancœur a priori (sauf de la part de ceux qui briguaient le poste en interne : il faut vite les repérer et essayer de les amadouer sans paraître faible). Sortir du rang expose à la jalousie, aux soupçons de partialité, etc.

1. "Le chef qui ne peut pas montrer le travail aux ouvriers, il va avoir des problèmes."

Première leçon, reçue lors de ma première semaine en qualité de cadre. Si vous n'êtes pas en mesure d'exécuter le travail que vous ordonnez, votre crédibilité en souffrira. En revanche, la volonté d'apprendre ce que vous ne savez pas et la capacité à poser des questions sur la façon dont les choses se font vous vaudront du respect.

Vos équipes n'attendent pas de vous que vous fassiez mieux leur travail, mais que vous compreniez réellement ce que font les gens, et dans quelles conditions...

(NB : à partir d'un certain niveau hiérarchique, variable selon les métiers et les tailles d'entreprises, cette règle ne s'applique plus. Curieusement, aucun manager important ne m'a jamais remplacé pendant mes congés ("ils ne peuvent pas tout savoir, ils ont trop de responsabilités, blablabla "), mais aucun n'a eu de problèmes à me donner les clefs du camion quand ils allaient au ski, aux Seychelles ou faire le Paris Dakar. Faire mon travail ET le leur semblait très faisable finalement...)

J'ai fait le choix de ne plus être responsable du travail des autres, et je suis donc classé comme "spécialiste". C'est une question de personnalité, donc on sort du sujet, mais en creux j'y trouve des éléments de réponse :

1. Je n'aime pas sévir, mais parfois c'est nécessaire. Le gars en arrêt maladie à cause d'une grosse entorse et qui a passé 3 buts à l'équipe d'un copain le week end même où il venait de prolonger son arrêt...Ben il a pris cher.
2. Je n'encombre pas ma vie professionnelle de ma vie personnelle, et vice versa. Je n'aime pas spécialement "faire du social"...mais il faut comprendre les gens et les aider.
3. Plus difficile que punir : récompenser. Il faut que le reste de l'équipe l'admette, ce qui suppose confiance et autorité.
4. On est responsable du travail des autres, si quelqu'un fait une boulette ça devient votre boulette. Vous réglez vos comptes avec l'équipe, ça ne concerne pas votre hiérarchie (vous êtes leur paratonnerre, charge à eux de faire en sorte que la foudre ne tombe pas trop souvent)

Je vous dirais de faire confiance à vos employés, de faire preuve de souplesse, de ne pas vous fier à l'opinion d'autrui (par exemple, un prédécesseur ou un autre employé) sur un employé donné, mais de vous faire votre propre opinion non biaisée et de ne pas faire payer tout le groupe pour le comportement abusif d'un employé