Les deux articles en question abordent des sujets radicalement différents, le seul point commun étant OpenAI. Il est donc complexe de répondre de manière approfondie à chacun de ces sujets sans que cela ne devienne trop long.

Premier article

N'étant pas familière avec le système judiciaire américain, je préfère laisser les avocats et les juges se prononcer sur cette affaire. Cependant, il est probable que les questions suivantes soient abordées durant le jugement :

1. Quelles sont les différences concrètes entre une personne qui apprend à partir de nombreuses données (articles de journaux, livres, etc.) puis utilise ensuite ces connaissances, et l'entraînement d'une intelligence artificielle de type LLM (large language model) ?
2. Peut-on parler de plagiat si l'intelligence artificielle base ses réponses sur un très large ensemble de données en formulant ses propres phrases ? Si oui, doit-on également redéfinir le plagiat chez les humains ?
3. Les termes et conditions de ces journaux mentionnent habituellement le plagiat, certaines utilisations commerciales, etc. L'entraînement d'une intelligence artificielle était-il explicitement exclu et si non, quel texte pourrait alors être appliqué ?
4. Si ces journaux ne souhaitent pas contribuer à l'entraînement d'une intelligence artificielle dans ces conditions, seraient-ils prêts à le faire en échange d'une rémunération ? Si la réponse est toujours négative, ces journaux sont-ils prêts à se passer entièrement des différents types de logiciels utilisant l'intelligence artificielle, comme les nouvelles générations de correcteurs orthographiques, par exemple ?

Deuxième article

Il est évident que de nombreuses « petites mains » doivent aider à trier les nombreuses données pour améliorer la qualité des résultats. L'emploi de personnes à travers le monde a des motivations économiques (les salaires étant effectivement plus bas dans certains pays), mais aussi linguistiques, surtout pour une LLM (large language model).

Le fait que les salaires soient particulièrement bas dans certains pays n'est pas une spécificité de l'intelligence artificielle. Si vous possédez un ordinateur, un téléphone intelligent, des appareils électroménagers, ou même certains vêtements fabriqués dans certains pays, je peux vous assurer qu'une partie comporte des composants qui proviennent de mines où travaillent des enfants, et qu'une partie de l'assemblage a été réalisée par des gens qui travaillent dans des conditions terribles et pour un salaire de misère.

Les deux articles mettent en valeur deux éléments indispensables pour la constitution des fortunes des géants du Net.

1. L'exploitation des données personnelles ou professionnelles des utilisateurs, sans les rémunérer.
2. L'exploitation massive d'une main d’œuvre payée très faiblement, et dont le travail n'est pas reconnu.

Le fait d'avoir des outils informatiques évolués permet d'exploiter de plus en plus efficacement ces personnes, et d'espérer ensuite s'en débarrasser car c'est de la main d’œuvre jetable.

Ils sont peut-être trop puissants pour qu'on leur fasse des reproches, et cela rappelle la citation "Quand on est un homme on est un assassin, quand on en tue des milliers on est un conquérant..."

J’ajoute un article. Qu’est ce que cela vous inspire ?

https://www.usine-digitale.fr/article/quora-leve-75-millions-de-dollars-pour-poe-sa-plateforme-de-chat-ia.N2206217

Première question: A chaque invention célèbre, c'est toujours pareil, il y a toujours quelqu'un qui prétend l'avoir trouvé en premier, espérant profiter de l'ignorance des juges ou du flou des informations disponibles au public pour gratter quelque compensation indue. Mais en l'occurence, il n'y a pas photo: les principes de l'IA ont été posés dès 1957 par Frank Rosenblatt et son perceptron. Ce dernier étant mort en 1971, l'invention est maintenant dans le domaine public.

Et qu'on ne me dise pas que l'histoire a été inventée après coup: je me souviens parfaitement en avoir entendu parler au cours des années 1960, probablement par Science & Vie. Elle m'avait même fait fantasmer, de par la possibilité de créer une pensée artificielle, ce que l'IA fait aujourd'hui.

Seconde question: l'accusation est plus sérieuse, encore que je ne prendrai pas position sans enquête ni vérification factuelle. Un scandale similaire avait éclaté à propos de la modération de facebook, où des milliers d'ouvriers du Tiers-monde, payés des nèfles, devaient supporter d'horribles images de meurtre ou de pédophilie pour entraîner l'algorithme modérateur. Amazon avait aussi été impliqué dans un scandale du même genre, l'histoire exacte ne me revient pas en tête pour le moment.

Au-delà de la culpabilité des entreprises, la question soulève le problème des inégalités salariales dans le monde, inégalités causées principalement par les cours des changes inégaux et variables des monnaies. Si on veut éviter de tels problèmes de se reproduire indéfiniment, il n'y a pas 36 solutions:

-Etablir une monaie mondiale unique. Je propose le Sol, ou $ol, ou S¤l, qui aurait "cours légal dans tout le système solaire". La méthode pour y arriver reprendrait le "serpent monétaire" qui avait permis avec succès la création de l'Euro.

-Etablir des minimums sociaux mondiaux.

Bon je sais ces solutions vont faire hurler tous ces privilégiés accrochés à leur capitalisme inhumain. Mais si ils laissent faire d'aussi gros scandales que les énormes inégalités et misères dans le monde, alors ils sont fort malvenus de chercher des poils sur les oeuf à ChatGPT. Hypocrites, va.

Ma page sur l'économie, où j'explique le $ol et davantages de choses.

La notion de droit d'auteur me gêne, pour moi cela ressemble un peu à du vol.

Un créateur ne crée pas à partir de rien. Il y a tout son passé qui participe à la réalisation d'une œuvre. Son éducation, la société, toutes les personnes qu'il a côtoyées, la vie œuvrent à la création. Dans la logique il devrait payer tous ce beau monde. Il est normal qu'un artiste soit rémunéré, tout comme il est normal qu'un chaudronnier soit rémunéré. Ils créent pour d'autres personnes et toutes les activités entrant dans ce cadre doivent générer un salaire. Ce qui n'est pas normal, c'est le revenu à vie qui est derrière. Encore moins normal quand ce sont les générations suivantes qui en profitent. Que l'on soit payé une fois pour un travail effectué, c'est dans l'ordre des choses dans notre monde. Que l'on soit payé des milliers de fois pour un seul travail effectué, il y a à mes yeux une injustice.

Donc non, même si les Gafa sont des exploiteurs sans foi ni loi, ils n'ont pas à rémunérer les journaux. Ils ne me feront pas croire que c'est une question de justice, la raison de cette démarche est essentiellement mercantile. Il y a du fric à se faire, sans lever le petit doigt.

Pour la deuxième question, j'indiquerai d'abord que c'est le propre du commerce d'aller chercher ailleurs ce qui coûte le moins cher pour aller le vendre là où ça coûte plus cher. Tout notre système économique repose sur ce système. Depuis des décennies nous consommons des produits fabriqués à l'autre bout du monde, là où l'être humain est exploité depuis son plus jeune âge. Nous le savons mais nous achetons quand même. Cela m'a surpris quand je l'ai appris, c'est l'utilisation d'une main d'œuvre bon marché pour élaborer des IA performantes. Bêtement, j'avais pensé que ce travail était réalisé par des algorithmes. J'en comprends la nécessité. Une IA ne peut créer à partir de rien, comme un artiste, il faut alimenter sa base. Mais les Gafa, malgré leurs discours humanistes et grandiloquents, ne sont que des entités financières sans états d'âme. La fin justifie les moyens.

Et nous, de notre côté, nous apprécions les applications de cette exploitation. Nous oublions que pour notre confort psychologique, des modérateurs en situation précaire perturbent leur santé mentale. Être confronté quotidiennement à la dépravation humaine n'est pas sans conséquence.

Finalement, ce schéma est une constante dans l'histoire humaine. Une majorité guidée par l'espoir d'une vie meilleure accepte de servir docilement une minorité aisée.