Attal semble avoir fait chasse gardée de ce ministère où il souhaite mettre son imprimatur et j'imagine qu'il a choisi Nicole Belloubet à ce poste ministériel en estimant qu'elle ferait une bonne exécutante. A priori, sauf casserole à ressortir ou gros impair, elle est amenée à rester jusqu'à la fin de la mandature. D'autant plus que cela permet de rééquilibrer - un peu - le gouvernement avec une femme de gauche.

Alors, pour le reste, c'est un peu plus compliqué.

Les ministres n'ont pas vocation à être des experts mais doivent être capables de cerner les vrais enjeux et de gérer les rapports de force pour se créer un périmètre d'action. Une personne incapable d'imposer sa volonté à sa propre administration ni de la défendre après du PM et du Pdt n'a aucune chance de faire un jour un bon ministre. Or, la plupart n'ayant jamais eu de responsabilité au niveau local (mairie, conseil général ou régional) découvrent la complexité de la gestion d'une administration française par essence régalienne et infaillible.

Bien sûr que ces changements ne sont absolument pas pertinents en termes d'efficacité et de lisibilité de l'action politique; mais la raison en incombe à l'absence de poids de ministres qui ne représentent plus rien hormis leurs ambitions personnelles et/ou leur fidélité. Si notre classe politique est médiocre et à bout de souffle, c'est aussi parce qu'elle n'attire plus les meilleurs éléments issus de notre système d'enseignement ou des professions intermédiaires historiques (avocats, médecins...), lesquels préfèrent tous travailler dans le privé.

Le délia pris, plus d'un mois, pour pondre un gouvernement dans lequel au final on a reconduit les deux tiers des sortants en dit long sur l'absence de toute relève ou réserve de talents pour gérer des portefeuilles.

Je réponds plutôt à la dernière question : à mon avis, un ministre ne devrait pas être spécialiste ou compétent dans le domaine de son ministère. D’une part, il peut de manquer d’objectivité quand il faut arbitrer et d’autre part il risque de surestimer sa compétence et ne plus écouter les conseillers techniques ou les vrais spécialistes du domaine.

Le remaniement s'est caractérisé par trois nouveautés.

• Une partie des clones a été changée, mais on a du mal à les distinguer les uns des autres.
• Un positionnement affirmé de droite classique.
• Des manœuvres pour conquérir la mairie de Paris.

Le "jeu de chaise musicale" est peut-être plus fréquent (je n'ai pas fait de statistique) en raison de réformes constitutionnelles faisant qu'un ministre récupère son mandant de député quand il quitte son poste. Aux débuts de la cinquième république on avait rendu cela impossible, justement pour éviter les remaniements fréquents...

A mon avis la place du ministre ne devrait pas être pas de faire semblant d'être compétent techniquement, ni de prétendre appliquer de mesures rejetées par 80% des électeurs, mais d'être représentant des citoyens et de vérifier que les administrations ne se transforment pas en machine inhumaine.

La tradition en France, mais pas seulement, est qu'un haut responsable n'a pas avant tout une compétence technique, mais une capacité à avoir les bonnes relations, et à bien communiquer. La tendance est de les juger uniquement sur leur capacité à communiquer dans les médias, mais c'est un tort à mon avis.

Pour bien communiquer il vaut mieux connaitre le domaine technique, mais il se peut que dans l'armée de clones on manque de spécialiste.