Cela a duré jusqu'à ce que je devienne adulte.

Mon oncle et ses oiseaux...

Mon oncle avait une maison, avec un petit jardin et un petit verger.

Dans le verger, il y avait deux bancs, et sur les arbres, de nombreux nichoirs / postes de nourrissages.

Chez mon oncle, les oiseaux étaient rois.

Ils se posaient sur lui quand il jardinait, entraient dans la maison par la fenêtre ouverte, se posaient sur vous alors que vous étiez assis à table, et pouvaient même venir picorer dans votre assiette.

Sur les bancs, on s'asseyait avec des morceaux de brioche ou des graines dans la main tendue, et les oiseaux venaient s'y poser. Et ils picoraient dans vos mains jusqu'à la dernière miette de brioche, jusqu'à la dernière graine. Et que leurs becs étaient durs ! J'avais souvent des crampes la main tendue comme ça, mais pour rien au monde je n'aurais bougé !

Il y avait des mésanges, un rouge gorge, des pinsons, bouvreuils... Il y avait un pic épeiche qui s'était cassé l'aile, qui avait été retrouvé et attrapé par des promeneurs et rapporté à mon oncle. Malheureusement la fracture avait commencé à se ressouder, mal, donc l'oiseau ne volait plus. Mais il se débrouillait bien dans les arbres de mon oncle...

C'étaient les mésanges les moins sauvages. Quand une mésange couvait dans un nichoir, mon oncle le nourrissait en partenariat avec l'autre membre du couple. Et quand les petits naissaient, mon oncle pouvait aller les voir de suite ! Et les petits grandissaient, familiers avec mon oncle dès leur éclosion...

J'avais parlé de mon oncle à l'école, la maîtresse en a eu vent et m'a demandé si je pouvais demander à mon oncle s'il serait ok pour que la classe vienne... il a dit OK, mais par petits groupes ! Ce qui fut fait ! Les enfants ont été briefés (pas de cris, de grands mouvements, on parle doucement...) et tout s'est très bien passé. Ceux qui en revenaient avaient souvent des étoiles dans les yeux !

Souvenirs précieux...

ÂME SENSIBLE, S'ABSTENIR

J'adore observer les oiseaux malheureusement je vais casser l'ambiance.

J'avais une dizaine d'années, les curés avaient organisé le pèlerinage de l'Ermitage, histoire de vivre le calvaire du Christ. A la différence qu'il n'y avait pas les coups de fouet, la chaleur, la couronne d'épines et les huées de la foule. Nous avions droit à un beau ciel bleu de printemps, les petites fleurs et les zozios qui chantaient.

Justement j'ai découvert un petit oiseau mal en point. C'était un adulte, un moineau je crois. Délicatement je l'ai pris entre mes mains, il n'a pas résisté. Je lui ai mis une goutte d'eau dans le bec mais il n'en a pas voulu. Je ne savais pas quoi faire mais je voulais qu'il vive. Je l'ai serré avec douceur contre mon corps pour lui transmettre ma chaleur. Les copains, curieux et enthousiastes, voulaient voir l'oiseau, le prendre mais je le protégeais et je refusais tout net. Ce n'était pas un jouet. Un garçon que je connaissais de vue m'a approuvé, d'un ton catégorique il a affirmé que l'oiseau devait rester au calme. Ce garçon avait un drôle de regard, il louchait.

Nous sommes arrivés à l'Ermitage, à la hauteur de la chapelle, une caverne dans le roc. Un curé m'a mandé. J'étais embarrassé à cause de mon petit protégé mais le garçon qui louche légèrement m'a rassuré.

"Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper, je vais l'emmener à la chapelle et prier pour lui. J'étais plutôt dubitatif pour les prières mais je lui confiais mon petit patient.

Quand je suis revenu chercher mon malade. Il m'a dit qu'ils avaient décidé de le tuer en le jetant contre un rocher car de toute façon il n'avait aucune chance de survivre.

C'était dit d'un ton banal, comme si c'était une action insignifiante. Mes reproches n'ont amené qu'un haussement d'épaules.

Un demi siècle a passé, cet oiseau est toujours au creux de ma main mais je n'ai pas su le protéger. J'ai appris ce jour là qu'il ne fallait pas faire confiance au premier venu.

C'est un triste souvenir mais j'en ai un autre encore plus traumatisant.

J'étais en Israël, j'avais une quinzaine d'années. Je courrais, heureux de vivre, le long d'une grande bâtisse. Arrivé à l'angle, une volée de moineaux a surgi pile à ce moment et dans mon élan j'ai marché sur un oiseau. J'ai vu les tripes tressaillirent pendant quelques secondes avant le trépas.

Aujourd'hui j'ai encore des nœuds qui se tortillent dans mon ventre rien qu'à l'évocation de cet assassinat.

Désolé, ce ne sont pas des bons souvenirs mais j'aime tellement les oiseaux que je me reproche chaque erreur que j'ai fait à leur égard.

Les oiseaux me pardonnent sûrement, en effet chaque fois que je les regarde, mon âme se repose et je trouve le chemin de la paix intérieure.

J'adore les oiseaux, alors évidemment, il y a toujours une mangeoire et de l'eau pour eux sur mes balcons.

Quand je vivais à Montréal, plusieurs couples de cardinaux, des mésanges, des geais bleus, des sittelles, des merles d'Amérique et des moineaux venaient chaque jour sur le balcon. Il y avait aussi des écureuils, dont un qui tapait à la vitre pour obtenir sa cacahuète quotidienne. À l'époque, j'avais fait cette petite vidéo pour montrer à ma famille :

Depuis que je suis en Allemagne, j'ai autant de visites quotidiennes, mais d'espèces différentes. Les pigeons ramiers aiment bien faire la sieste en couple sur mes balcons. Cela signifie qu'ils s'y sentent bien et en sécurité.

Un de mes grands plaisirs en été est d'aller nager au lac près de chez moi. Il y a des cygnes et des oies sauvages avec leurs bébés. Ils nagent tout près de moi et font parfois la sieste à côté de moi. Les gens sont gentils avec eux donc ils n'ont pas peur des gens.