Fut un temps que j'étais ambitieux, je travaillais tous les jours, de très tôt à très tard, les dimanches compris.

Un soir que je rentrais sur le coup de 10 heures, comme souvent, je découvris que ma clef n'ouvrait plus la porte...

Je sonnai donc, et Ma Dame apparut, tenant dans ses bras le plus beau bébé du monde, dont elle me rappela qu'il s'agissait de ma fille, qui n'avait pas vu son papa depuis près de 6 mois.

Leçon apprise.

J’ai travaillé 8 ans de nuit, dans un entrepôt alimentaire. Ce travail était pénible physiquement et ennuyeux mentalement. Certaines tâches s’effectuaient à la chaîne.

Ce qui m’a permis de tenir, c’était d’avoir des rêves d’avenir grâce à ma reprise d’études, la lecture et surtout, l’humour de mes collègues de travail.

Mais souvent, j’avais l’impression de passer complètement à côté de ma vie pendant mes heures de travail.

En contrepartie, je vivais beaucoup plus intensément en dehors, appréciant chaque seconde de repos et de liberté.

Désolé j'ai essayé d'écouter, mais je n'ai pas supporté ces braillements jusqu'au bout :D

"Oublier de vivre"?

C'est bien sûr une métaphore, mais importante: c'est ce qui arrive quand on vit comme d'autres nous imposent ou demandent de vivre, mettant de côté nos propres désirs, projets et motivations.

Cela arrive si souvent... "Quand tu sera grand"... "Après le travail d'école"... "Quand tu aura le diplôme..." "quand on sera mariés"... "Ce weekend, après le travail'... "quand nous aurons notre maison"... "Quand le parti sera élu"... "quand le 235eme plan économique aura porté ses fruits"... "Après la révolution"...

Puis un jour, on se retrouve seul avec une retraite minable qui ne nous permet plus aucun projet, et on réalise qu'il n'y a alors plus de "plus tard" ni de "quand" ni de "après"... (et même plus de "maintenant" si on se retrouve en institution).

C'est là que l'on réalise que l'on a oublié de vivre, pour soi, pour ce qui a un sens. On a passé notre temps à courrir après des apâts que d'autres laissaient pendouiller devant notre nez au bout d'une ficelle, et ce faisant on est passé à côté de tout ce qui faisait sens dans la vie.

On n'a jamais pris le temps de goûter à la vibration de la nature vierge. Il y avait "d'autres choses à faire"...

On a lutté pour le travail, pour les enfants, sans jamais prendre du temps enlacé avec notre moitié, sans jamais écouter de musique, sans jamais jouer avec nos enfants (Qui de toutes façons sont venus sans que nous les ayons désirés, puisqu'il "faut" avoir des enfants).

On n'a jamais mené un projet à bien, sauf bien sûr l'aménagement de la maison, partie dans le divorce de toutes façons.

Ceci est pourquoi il faut vivre dans le présent, et décider nous-mêmes de nos projets, activités et orientations. Le fameux "Ici et maintenant" de Mai 68.

Prendre du temps dans le silence de la nature.

Prendre du temps à regarder les étoiles.

Prendre du temps à jouer avec nos enfants.

Prendre du temps à rêver, à méditer.

Poursuivre des projets qui ont un sens pour nous, ou pour l'Humanité.

Ne pas se laisser conditionner par la volonté d'autres personnes.

Ne pas être comme l'eau d'une rivière, canalisée pour faire tourner les turbines d'une usine: être la turbine.

Ne jamais écouter les "tu ferais mieux de" ni les "attend que" ni les "c'est inutile". Ceux qui ont raté leur vie le savent, et ils cherchent à se venger en nous faisant rater la nôtre.

« A force de crier mon amour jusqu’aux cieux »

A force d’être mère et père ,n’avoir que mes enfants d’horizon,

 « À force de jeter mes trésors au brasier »

 « L’amour dans une main et dans l’autre la haine les illusions »

J’ai oublié de vivre