J'ai longtemps été phobique des araignées et des insectes. Un jour, j'ai entendu dire que certaines phobies pouvaient découler d'une fascination excessive envers quelque chose. Je pense que c'est assez vrai dans mon cas car une fois ma phobie apprivoisée, j'ai pu développer une grande passion pour l'entomologie.

Ça fait déjà longtemps que je suis fascinée par les fourmis et que j'adore les observer. J'ai cependant eu beaucoup de mal à me débarrasser de mon arachnophobie. À un moment de ma vie, j'ai vécu dans un appartement à Montréal qui se transformait en vivarium tropical l'été. Il y faisait très chaud et humide et j'y étais envahie de moustiques l'été, ce qui attirait énormément d'araignées. J'en avais des dizaines au plafond. Elles m'avaient construit une chouette toile de protection à ma fenêtre et je n'avais presque plus de piqûres de moustiques. J'ai fini par leur trouver des petits noms : Josiane, Jean-Marc, Micheline, Albert...

Après avoir déménagé en Allemagne, j'ai commencé à observer les abeilles, surtout les osmies qui aiment faire leurs nids sur mes balcons et rebords de fenêtre.

Et un jour, j'ai fait la rencontre avec Bziit-Bziit. Avant ça, je ne faisais pas la fière quand une guêpe me tournait autour mais avec Bziit-Bziit, ce fut différent. Elle était clairement très intelligente pour sa petite taille et même pour une guêpe. Elle est venue me voir plusieurs fois par jour, chaque jour, pendant 3 semaines. Les ouvrières ne vivent généralement pas très longtemps.

Bziit-Bziit, première petite guêpe au monde à pouvoir se promener sur nous sans nous affoler.

N'est-elle pas choupi ?

Depuis cette rencontre, j'ai lu tout ce que je pouvais de publications scientifiques sur les guêpes, mais aussi les arthropodes en général. J'ai aussi sauvé plusieurs dizaines de guêpes, d'abeilles et de frelons européens de la noyade ou de la sécheresse en été. Nous avons beaucoup de frelons européens où j'habite car c'est une espèce protégée et les apiculteurs les utilisent pour protéger leurs ruches contre la fausse teigne de cire. Grâce à cette protection, nous n'avons pas encore de frelon asiatique.

Un peu plus tard, j'ai sympathisé avec Buggy-Buggy le doryphore. Oui, il semblerait que j'aie une préférence pour les insectes mal-aimés. J'étais à un de mes « jardins de bière » préféré à Wannsee, quand un orage a éclaté. Il s'est mis à pleuvoir violemment donc je me suis mise à l'abri en attendant que ça se calme un peu. Buggy-Buggy volait difficilement entre les grosses gouttes, cherchant également à se mettre à l'abri. Une grosse goutte l'a projeté sur mon pied. Ensuite, Buggy-Buggy a grimpé le long de la jambe et s'est accroché à ma robe. Quand la pluie s'est calmée, impossible de l'en défaire. Alors Buggy-Buggy a pris le S-Bahn avec moi et a vécu chez nous quelques jours, le temps de se remettre de ses émotions.

Buggy-Buggy, solidement accroché à ma robe, après une éprouvante aventure.

Aujourd'hui, j'ai une nouvelle fascination, cette fois-ci pour les escargots. En août dernier, j'ai trouvé un bébé escargot dans mon pot de myrtilles en provenance de Pologne. Je l'ai donc appelé Pączki. Ça veut dire beignets en polonais. Le mot au singulier est pączek mais en anglais, on dit pączki même au singulier, un peu comme en France on dit un paparazzi plutôt qu'un paparazzo.

Pączki, quelques jours après son immigration en Allemagne, en train de grignoter son petit flocon d'avoine.

Pączki aujourd'hui, bien nourrit et en pleine forme.